Degré 20 : Un Moi sans Toi
Un mois sans elle et je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je tourne en rond sans cesse. Je l’appelle en pleine nuit.
Elle était tout pour moi. Ma vie, mon île, mon espoir. Et voilà qu’un jour elle s’est évanouie, comme la fumée d’une bougie que l’on souffle. Pfuit.
Je sens encore son odeur chez moi, son parfum sur mes chemises. Elle me manque tellement.
Le soir, quand je rentrais tard du boulot, elle m’attendait nue près du fauteuil, prête à me satisfaire.
Je la caressais doucement, la prenais contre moi et, incandescents, nous ne faisions plus qu’un, unis à la vie, à la mort.
Parfois, elle me mettait en garde, me révélait que notre union ne pourrait que mal finir. Mais je ne l’écoutais pas, trop heureux, me disant qu’il serait temps de passer à la caisse plus tard. Je n’aurais pas su me passer d’elle de toute façon.
Elle en avait vu d’autres, c’est vrai, elle savait de quoi elle parlait. Même moi je connaissais le sort funeste de certains de ses amants. Mais, carpe diem me disais-je, carpe diem.
Quand je l’ai écrasée, j’ai su à cet instant ce qu’elle voulait dire. Il le fallait pourtant. Je ne pouvais plus la supporter. Et ma vie en dépendait. Elle m’en avait trop fait voir. Mais oui, à cet instant même, je regrettais déjà mon acte. J’étais pieds et poings liés à elle. Et sa disparition n’arrangeait rien à l’affaire. J’en restais prisonnier mentalement.
J’ai tenu un mois. J’ai pensé me pendre, me jeter par la fenêtre, me faire écraser aussi.
Et puis j’ai craqué. Je suis descendu au bureau de tabac acheter un nouveau paquet de cigarettes.